On the road again !

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romans

Nous vous avions déjà chroniqué ce roman ici mais comme nous l’adorons, voici l’avis de Myriam.

Des personnages truculents :

• Coyote a douze ans et une gouaille d’enfer,

• Rodéo a des airs de hippie et une douceur folle.

Mais qu’est-ce qui pousse donc père et fille à rouler toujours plus avant ?

Lecteurs, vous l’avez compris, tout n’est pas si rose pour nos grands voyageurs ! et le plus dur reste à faire : rentrer chez soi, en un temps record, à quelques 4000 kilomètres de là.

Portée par la lumineuse Coyote, la narration nous embarque dans un voyage rocambolesque, au rythme des stations d’essence et des rencontres de fortune. L’étonnante maturité de l’enfant, son aisance relationnelle, lui permettent de nouer des liens en quelques secondes et dégotter ce qu’il y a de meilleur chez les autres. Les personnages sont hyper attachants, Coyote en premier chef, et les rencontres s’avèrent décisives.

Un livre essentiel sur la question du deuil, mais aussi et surtout sur la résilience et la merveilleuse capacité des êtres à « aller de l’avant ». A lire dès 10 ans.

Myriam G.

Coyote Sunrise
Dan Gemeinhart
Pocket Jeunesse, mars 2020, 18.90 €

La passion du vivant

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Roman

Henri Lajoie est un botaniste passionné et un brin farfelu. Son sens aigu de l’observation, doublé d’un amour inconditionnel du vivant, lui permettent de s’intéresser à tout et croquer sur son carnet les plus minuscules éléments de la nature. Lorsqu’il croise une classe verte en sortie, son attention est aussitôt happée par une enfant solitaire, au regard fuyant…

La petite Loon l’intrigue : et si sa différence relevait d’une sorte d’ « hyper réceptivité » à son environnement ? Et si sa différence était un don ?

Porté par la curiosité enthousiaste du botaniste, le lecteur chemine de planches naturalistes en réflexions humanistes. Kochka aborde l’autisme avec finesse et créativité, sans presque jamais le nommer. La métaphore du bousier dont elle se sert nous délivre un message plus universel : la différence, dès lors que l’on est capable d’en pendre la mesure, nous grandit réciproquement. Ce livre est un feu d’artifice de joie et d’amour. Du grand Kochka, à lire dès 10 ans.

Myriam G.

Le chant de Loon,
Kochka, François Ravard
Flammarion jeunesse, avril 2021, 13 €

Grandes vacances

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Album pour tous

Ester Andersen est un livre de grand air. C’est aussi le livre de tous les débuts. Début de l’été, début des grandes vacances, premiers émois amoureux…

Arrivé chez son oncle, un jeune garçon sillonne la campagne et retrouve les repères familiers de son enfance, alors même qu’il en franchit le seuil.

Avec une maestria folle et une économie rare, Thimotée de Fombelle décrit le sentiment de liberté, la jouissance et l’ivresse des explorations sans fins. Irène Bonacia, quant à elle, s’inscrit sans faiblir dans la lignée d’un Sempé. Combinant le dessin au trait et l’aquarelle, elle rend la légèreté grave des moments avec délicatesse, lumière et sobriété. Pour couronner l’ensemble, la majesté du format à l’italienne sert le propos : la mer à perte de vue, le ciel étoilé sur une double page… On est ébloui, de bout en bout !

À quoi voit-on que l’on grandit ? À la monture d’une bicyclette qui allait encore trop petite l’année dernière ? Au regard qui réclame plus d’horizons ?
À l’évidence, avec Esther Andersen, grandir a un goût d’immensité. Et ne se fait pas sans bouleversements. Un livre magnifique pour faire rêver petits et grands, dès 6 ans.

Myriam G.

Esther Andersen
Timothée de Fombelle et Irène Bonacia
Gallimard jeunesse, juin 2021, 24€90

Les bienfaits de la colère

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Album

Foin de la petite fille innocente et un peu étourdie qui musarde sur les chemins : Raphaële Frier et Victoria Dorche dépoussièrent le chaperon rouge de ses stéréotypes de genre. La fillette en a raz la capuche. Plus que marre de son père, de son frère, et même de sa mère qui laisse passer les injustices. Il s’agit d’en finir une bonne fois pour toutes, ne plus se laisser conter fleurette, (re)prendre le contrôle de sa vie, après avoir donné une bonne déculotté au loup.

On ne fait pas dans la délicatesse contre le patriarcat, car il est bien question de domination masculine dans le conte d’origine, sous les traits d’une bête féroce et affamée. Cette fois-ci, la domination est montrée sans détour et ratatinée par la rage d’une gamine.

Certaines colères sont salvatrices… Et très pédagogiques ! À lire dès 4 ans.

Myriam G.

La petite rouge courroux,
Raphaële Frier et Victoria Dorche,
Sarbacane Éditions, février 2021, 15€90

Un vent de liberté !

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Album, Différence

Elle s’occupe seule de sa fille. Elle a des tatouages , manifeste et fait la bringue. On la trouve bizarre mais fort heureusement cela ne l’empêche pas de vivre…

Monoparentalité, physique hors-norme, engagement et indépendance, voici le tableau revigorant d’une maman… vivante ! En quelques moments choisis, Camille Victorine brosse le portrait d’une mère et sa fille, sans grandiloquence ni plaidoyer. Le livre se contente de montrer une parentalité autre, non conventionnelle, épanouie, aimante… et dieu que cela fait du bien !

Anna Wanda Gogusey, illustratrice et tatoueuse, ajoute au propos sa beauté rock. Humains et animaux personnifiés sont mêlés sans hiérarchie. Ce parti pris libère d’emblée le regard de la question de genre. Les physiques sont « racés », dessinés avec précision, pluriels mais aussi anonymes : finalement, ne sommes-nous pas tous un peu bizarres ?

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Un cri puissant de liberté, pour l’acceptation des autres, et d’abord de soi. A lire et à relire sans modération, dès 3 ans.

Myriam G.

Ma maman est bizarre,
Camille Victorine et Anna Wanda Gogusey
Éditions La Ville brûle, octobre 2020, 15€

Un monde sans abeille

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Amitié, Écologie, Roman

Dans un monde sans abeille, les fleurs sont pollinisées par des enfants triés sur le volet pour maintenir un fragile écosystème. Pivoine rêve de devenir une abeille méritante lorsqu’elle aura dix ans. Mais sa maman nourrit d’autres espoirs de son côté. Elle l’emmène travailler en Ville, l’arrachant à son grand-père et à sa soeur. D’aventures en découvertes, Pivoine n’a de cesse de retrouver sa campagne avec une détermination rageuse.

Dystopie ou roman d’anticipation ? Le récit de Bren MacDibble nous plonge dans une société moderne et organisée qui ressemble étrangement à la nôtre. L’écart ville/campagne s’y est simplement accentué. Pas de propos moralisateur pour autant, le livre se contente d’interroger la place que l’on souhaite occuper dans le monde. La jeune héroïne a depuis longtemps tranché sur le sujet, et c’est la force de l’histoire que de nous présenter une fillette très ferme quant à ses convictions, extrêmement déterminée et prête à tout pour retrouver ce qui lui est cher. Un beau roman sur l’affirmation de soi, mais aussi sur la force des liens qui nous unissent, avec en toile de fond une défense de l’environnement et de la décroissance, sans lourdeur de propos. À lire dès 10 ans.

Myriam G.

La dernière abeille
Bren Macdibble
Hélium, août 2020, 14€50

Apprendre en s’amusant

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Art, Livre-jeu, Peinture

Reprenant le principe d’Où est Charlie ?, ce livre-jeu invite le lecteur à retrouver la silhouette de Frida Kahlo dans des pages somptueusement illustrées.

Un livre beau et intelligent, idéal pour découvrir une peintre célèbre et une femme d’envergure, dès l’âge de 6 ans.

Myriam G.

À la recherche de Frida Kahlo,
Laura Callaghan & Catherine Ingram,
Éditions du Centre Pompidou, septembre 2020, 14€50

La curiosité n’est pas un vilain défaut !

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Album

Que fait papa de sa journée ?

La petite Jade se demande où part son papa lorsqu’il va travailler. Un jour, elle décide de le suivre mais, dans l’agitation de la ville, Jade se perd. Heureusement, un gros ours blanc va la ramener chez elle…

Dans cet album plein de tendresse, Afsaneh Sanei nous montre une petite fille curieuse, et qui ne craint pas de prendre des initiatives pour comprendre et mieux connaître son papa.

La curiosité n’est pas un vilain défaut nous dit l’album, ce serait même un droit pour les enfants, un droit qu’il faut parfois conquérir. Car au final, les vérités que l’on découvre nous rapprochent davantage de ceux que l’on aime. À lire dès 3 ans.

Myriam G.

Que fait papa de sa journée ?
Afsaneh Sanei
Minedition, novembre 2020, 14€20

La plus belle crotte du monde

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Nature

 

Vous avez adoré l’histoire de la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête ? Vous n’avez pas trouvé aussi loufoque depuis ? Amis scatophiles, réjouissez-vous, Marie Pavlenko a relevé le défi ! Avec La plus belle crotte du monde, c’est toute la forêt (ou presque) qui s’y met… et c’est réjouissant !

Une petite souris blanche rencontre un écureuil au détour d’un bois. La coquine se targue de faire la plus belle crotte du monde, preuve à l’appui… Piqué au vif, l’écureuil s’empresse de la détromper. De la belette au cerf majestueux, chaque nouvel arrivant fait monter les enchères, jusqu’à un bien inattendu dénouement…

Dessinés avec une précision quasi documentaire, les cacas ont une force infaillible : ils provoquent le rire et titillent l’égo. N’avons-nous pas tous tendance à nous croire un peu supérieur aux autres… et dans des domaines improbables ? Marie Pavlenko ménage une chute spectaculaire avec l’arrivée d’un chasseur, dont la présence change totalement la lecture de l’album. Et si l’humour était la meilleure arme pour servir un message engagé ? A lire dès 3 ans et sans modération.

Myriam G.

La plus belle crotte du monde,
Marie Pavlenko, Camille Garoche
Little Urban, septembre 2020, 15€90

Être ou ne pas être… Yaga

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Destin, Roman, Vie/mort

Depuis qu’elle est toute petite, Marinka est destinée à devenir Yaga : une gardienne qui guide les Morts vers l’au-delà.

Nuit après nuit, la jeune fille se plie aux rituels que lui transmet sa grand-mère, Yaga passionnée. Leur maison, dotée de pattes de poulet, change régulièrement d’emplacement pour faciliter le passage des âmes.
Seulement voilà, Marinka rêve de mener une vie normale, parmi les vivants. Mais peut-on échapper à sa destinée ?

Revisitant la figure ancestrale des contes slaves, Sophie Anderson nous entraîne dans un voyage onirique et sombre, qui ne va pas sans rappeler l’Étrange Noël de Mr Jack (Tim Burton). La mort y est présentée comme un grand voyage vers les étoiles, mais aussi la somme de toutes les belles choses qui ont jalonné l’existence.
« Qu’emportes-tu avec toi ? » demande la vieille Yaga aux Morts sur le départ. Pour le lecteur, assurément, une part de merveilleux.
Roman conseillé à partir de 10 ans.

Myriam G.

La Maison qui parcourait le monde
Sophie Anderson
L’École des Loisirs (Medium), septembre 2020, 15€50