Avoir l’esprit de l’escalier… quelle drôle d’expression quand on y pense ! Et si désuète !… Combien d’enfants savent ce qu’elle signifie ? Il faut toute la verve et la malice d’une Clémentine Beauvais pour réactualiser les propos oubliés de Diderot.
Dans cet album magistralement illustré par Gérald Guerlais, l’autrice joue sur le double sens de l’expression. Car il est bien question d’ « esprits » : ils hantent un bel immeuble en plein cœur de Paris. Il y a le vieil esprit, solitaire et guindé, et il y a… la toute nouvelle fantômette avec sa coupe afro, vive et sémillante. Pour le premier, c’est le coup de foudre immédiat. Seulement voilà, notre fantôme souffre d’un manque cruel de répartie et, chaque fois qu’il croise sa belle, il s’empêtre lamentablement dans ses réponses.
Clémentine Beauvais illustre à merveille l’expression avec ce binôme contrasté. De maladresse en maladresse, on suit les faux pas d’un esprit trop émotif et les virevoltes d’une fantôme noire (ça change et ça fait du bien!) qui a, pour le coup, beaucoup de vivacité. Cette histoire, accessible dès huit ans, pose en filigrane une question intemporelle : tous les amoureux n’ont-ils pas un peu l’esprit d’escalier ?
Myriam G.
Les esprits de l’escalier
Clémentine Beauvais et Gérald Guerlais
Sarbacane, janvier 2020, 16€50