Étiquettes
« La mémoire n’est pas un devoir, juste une nécessité pour éloigner la haine et la barbarie. » (devise de l’éditeur Rue du monde)… À Saute-livres a lu beaucoup d’ouvrages et a choisi deux livres pour commémorer le centenaire de l’armistice de la grande guerre.
« Je n’oublierai jamais que c’était un jour idéal pour les blés .»
Ainsi débute le témoignage du soldat Machin, homme parmi tant d’autres milliers « propulsé vers l’obscurité de la guerre ». Ce jour, vous l’aurez compris, était aussi celui de la mobilisation générale du deux août 1914.
À partir de sa collection personnelle, Alain Serres commémore les cent ans de la Grande Guerre en un livre-musée aussi passionnant qu’émouvant. Le rapport proposé entre le témoignage fictif du soldat et celui des cinquante objets issus de la réalité de la guerre nous offre une double immersion saisissante renforcée par l’illustration toujours aussi percutante de Zaü.
Le choix des objets est si varié qu’il nous permet d’appréhender les différents visages de cette terrible guerre. Nous entrons tour à tour dans la dimension technique (carnet de tir page 27), émotionnelle (lettre d’un soldat page 79), internationale (mouchoir brodé par une britannique page 55). Nous sommes au front (clairon page 20), puis à l’arrière (boîte de chocolat fabriquée pour l’armée page 68) ; dans les tranchées, au plus près des soldats (gamelle de poilu page 72), et dans les familles, avec les enfants (jeu des tranchées page 25).
Ce livre, au format carnet, raconte une histoire ; mais c’est aussi un témoignage, un musée, un mémorial. C’est un livre sur la guerre, pour ne pas oublier et apprendre la paix.
Charline A.
La guerre en mille morceaux ou le petit musée du soldat Machin
Alain Serres, Zaü
Rue du monde, novembre 2018, 18€
Hiver 1917, Rosalie, cinq ans et demi, a une mission secrète à remplir. Assise au fond de la classe, Rosalie passe ses journées à dessiner dans le cahier offert par le maître d’école. Le soir, sa maman vient la chercher et lui lit les lettres du front envoyées par son papa. Un jour pourtant, sa maman n’est plus la même, son regard est fuyant, elle a changé depuis qu’une enveloppe bleue est arrivée…
Que dire de cette alchimie si réussie entre le texte raconté par la petite Rosalie à hauteur d’enfant pour décrire le quotidien vécu par ceux qui restent à l’écart de la bataille face à cette terrible tragédie qu’est la Grande Guerre de 14-18 et les lumineuses et sensibles illustrations qui invitent le lecteur à vivre cette histoire en profondeur.
Une poésie littéraire et une délicatesse toujours si bien dosées pour une histoire nous permettant de comprendre la Grande Histoire de l’intérieur, du point de vue de l’humain. Les illustrations d’une grande force d’évocation mais aussi de douceur sont en osmose avec le texte si poignant. L’illustratrice québécoise, Isabelle Arsenault, primée à de multiples reprises depuis l’album « Fourchon », offre des peintures empreintes de poésie, d’intemporalité, de douceur et de finesse.
Comment rester insensible face à une si grande humanité, on se met à la place de Rosalie et les émotions se vivent intensément.
Du grand art que cet album tout en finesse et grandeur d’âme pour évoquer une des plus grandes atrocités de l’Histoire du monde.
Une prouesse littéraire de ressentir l’horreur de cette guerre sans jamais parler de sauvagerie mais par petites touches et les quelques mots découverts par une petite fille courageuse de cinq ans et demi !
Un nouveau bijou littéraire de Timothée de Fombelle au talent incontesté pour rendre hommage à tous les acteurs de cette Grande Guerre raconté du point de vue non pas du front mais d’une enfant et de sa maman, du côté féminin ! Une prouesse stylistique et un hommage rendu à toutes les familles touchées par cette barbarie.
Écoutez l’auteur lire un extrait de son hommage bouleversant aux familles touchées par cette barbarie.
Une ode à la vie, à la force des mots, à l’espoir et à la transmission !
Chantal B.
Capitaine Rosalie
Timothée de Fombelle et Isabelle Arsenault
Gallimard jeunesse, octobre 2018, 12€90